Premièrement, l’ère du streaming dans laquelle nous vivons actuellement depuis quelques années a complètement modifié notre rapport à la musique. En effet, elle a complètement changé le type de format sur lequel nous prêtons attention à cet art. Nombreuses sont notamment les sorties uniquement digitales, délaissant le boîtier transparent avec son livret et ses crédits. Ainsi, celui-ci a cédé sa place aux interfaces des plateformes de streaming. De plus, l’algorithme propose maintes et maintes playlists “conçues spécialement pour vous”. Outre le format physique ou digital, la question de la dénomination de l’œuvre de l’artiste est aujourd’hui aussi discutable. Étant donné le nombre de formats de projets différents qui fleurissent, il faut réussir à se différencier pour (peut-être) voler la vedette au plus populaire et réputé : le fameux “album studio”.

L’histoire du format album

Pour commencer, vers la fin des années 1990 et le début des années 2000, les artistes sont poussés par une industrie toujours en soif de tubes et de bénéfice. Ainsi, ils vont tous s’essayer à l’exercice de la mixtape. 

Souvent avec plus de titres, et rassemblant de gros noms du milieu. Enfin, pour attirer davantage d’auditeurs, fleurira le palmarès des “classic mixtapes” des années 2000. Elles seront très vite rejointes par celles des années 2010.

Aujourd’hui, comment est vu ce format et quelle est sa rentabilité ?

Premièrement, en ce qui concerne la façon dont est vu l’album, c’est évidemment toujours le ”number one” aux yeux du public. En effet, il représente une étape importante dans la carrière d’un artiste. D’ailleurs, c’est parfois l’occasion de transformer l’essai de façon concrète sur un format fait pour ça. Ainsi, c’est souvent sur l’album qu’un artiste va livrer ses meilleures performances. Il va donc se livrer, car il sait l’importance qu’a l’album dans sa discographie.

En revanche, le grand public se sent moins concerné par la différence entre les formats et est davantage consommateur d’une musique très “tubesque”. Et comme c’est le grand public qui dicte les chiffres de ventes, l’album ne se vend pas si bien que ça. Ainsi, on peut dire de façon évidente que l’apparition du streaming en est pour quelqu’un chose. Malheureusement, l’album studio n’est pas le “must” pour un artiste. De plus, comme s’il fallait que ce format regroupe la majorité des inconvénients et des problèmes liés à la conception de la musique, un album coûte très cher.

Finalement, en 2021, la SNEP déclarait que “90% des albums produits par les majors n’atteignent pas le seuil de rentabilité” comme l’a relayé le média Yard. Néanmoins, durant ces quelques dernières années, le format album s’est vu aidé par la renaissance des vinyles. En effet, cet objet pourtant délaissé depuis une bonne vingtaine d’années refait surface avec le vintage. Aujourd’hui, il faut noter que pour beaucoup de consommateurs, acheter un vinyle est un geste davantage pour l’esthétique que pour la musicalité.

Les autres formats sont-ils capables de concurrencer l’album ?

À chaque problème exceptionnel, sa solution tout aussi exceptionnelle. Autrement dit, nombreuses ont été les sorties décalées en raison de la pandémie mondiale et du confinement. D’ailleurs, il y a quelques mois, les interviews, la promotion, et même les ventes physiques ont été chamboulées. Ainsi, les majors ont décidé de reporter les sorties de leurs artistes. Cependant, pour faire plaisir aux auditeurs, une solution s’est répandue dans le paysage du rap français : les EP.

En effet, ces courts formats, souvent entre 2 et 7 titres, ont trouvé leur place comme jamais auparavant. Une place dans une industrie qui n’avait jamais connu une telle situation. Par exemple, on peut noter “Virus” de Leto, “140 BPM” d’Hamza, “Haine World” de Youv Dee, et tant d’autres sorties sous forme d’EP. Ce format est propice à la situation, mais est aussi

Souvent utilisé comme un prétexte pour créer une certaine actualité musicale avant un album. 

Autre exemple, Niro, lui, s’était servi du format de l’EP différemment. En effet, il a rassemblé plusieurs EP semaine après semaine pour en faire un album : “Stupéfiant”, sorti fin 2019. Enfin, cette stratégie commerciale intelligente lui a permis de bénéficier de “plusieurs premières semaines”. Ainsi, il a été au cœur de l’actualité pendant plusieurs semaines d’affilée. Finalement, nous sommes dans une époque où la musique est consommée très rapidement. Ce nouveau public passe d’un artiste et d’un projet à l’autre en seulement quelques jours.

L’EP viable sur le long terme ?

Enfin, le confinement a donné pour sûr une légitimité aux EP. C’est un format sur lequel les artistes pourront maintenant compter. Cependant, il faudra voir si son utilisation peut être plus fréquente une fois la situation revenue à la normale. On se demande s’il pourra un jour remplacer l’album et non seulement servir en cas de situation exceptionnelle. En effet, certains acteurs du milieu comme Le Motif (rappeur, compositeur et topliner) sont favorables à une disparition de l’album studio. Ils aimeraient laisser place aux règles que dicte le streaming. En revanche, la majorité du public porte de l’attention à la qualité artistique des projets et reste attaché à ce format légendaire, qu’est l’album. Il est, pour eux, toujours source de grands classiques au fil de l’histoire de la musique. Même si la rentabilité ne semble pas toujours être au rendez-vous, le format de l’album donne l’impression d’une certaine immortalité. Une immortalité conservée grâce à l’attachement de certains artistes à celui-ci. Ils s’efforcent de donner le meilleur d’eux-mêmes et de s’essayer à des tentatives artistiques osées, mais réussies. Par exemple, on peut citer certains albums concepts ; “Trinity”, “JVLIVS”, ou encore “Good Kid Mad City” ces dernières années.